La rentrée, c’est la rentrée

Cette année les classes me paraissent bien équilibrées. Je retrouve avec plaisir les élèves. Quelques nouveaux sont étonnés par ma façon d’enseigner.
A la récré, je suis allé fumer dans la rue, sur les marches de l’entrée des professeurs. J’y ai retrouvé les mêmes collègues M et L. J’ai l’impression que nous n’avons pas bougé de place depuis l’année dernière et que les grandes vacances sont dans quelques jours. M est toujours aussi ronchon, c’est d’ailleurs ce que j’aime chez lui : cette application, ce professionnalisme qu’il met à se faire souffrir. Ensuite, je suis allé voir l’O.P pour lui signaler que la rampe de prises électriques au dessous du tableau ne marchait plus. Mais je ne l’ai pas trouvé. J’ai tout de même croisé son assistant. Je dis assistant car c’est ainsi qu’il s’est présenté. Il m’a dit qu’il lui ferait la commission. Puis il est revenu pour me demander le numéro de la salle. Il est reparti en répétant à voix haute « la 330, la 330, j’espère que je m’en souviendrais ».
Ma classe est propre comme un appartement que l’on emménage. Dehors, les énormes marronniers me cachent encore la Sainte Victoire. Mais le roux de certaines feuilles me fait penser qu’il ne faudra pas attendre longtemps avant d’avoir plein cadre le motif de Cézanne.
La seule chose qui me chagrine, ce sont les rideaux sans anneaux pendus comme de vieilles peaux à l’extrémité des tringles.
Oui, la rentrée c’est la rentrée.