jeudi 2 février 2012

Le génie des élèves: la vraie vie d'U.L.I.S, promesse.

Note du 21/10/11.

Il y a une semaine j'ai promis des bonbons aux petits U.L.I.S. La crainte de les oublier a transformé ma nuit en un long cauchemar. Alors, bien avant que le réveil ne sonne, j'ai pris le sac de friandises que j'avais suspendu à la poignée de la porte d'entrée, pour vérifier les commandes.
1) "A" voulait des "nounours avec du blanc dedans", OK.
2) "J" et "Z" n'aiment pas les nounours, ils préfèrent les fraises parce que "les nounours ça fait trop bébé", OK.
3) "A2" adore les " bouteilles bleues et roses qui piquent avec du sucre dessus", OK.
4) "A3" n'aime pas les bouteilles qui piquent "parce qu'avec le fer" de son appareil dentaire "ça fait comme de l'électricité", OK.
5) "E" ne veut pas de bonbons parce qu'il est" allergique à ce qui a dans les bonbons", OK.
6) "A4" ne doit pas manger de bonbons à cause de son régime. "Mais si y'en a", il pourra en manger un, à condition qu'on ne le dise pas à son père qui va le"tuer". Une fois son père l'a "tué" parce qu'il avait mangé tout le pot de Nutella. Il faut dire que "A4" ne connait pas la demi-mesure, que ce soit en terme de gourmandise ou de vocabulaire, OK.
7) "P" demandera à sa mère d'en acheter, "y'a qu'elle qui sait" où acheter les bonbons qu'il aime, OK.
Après une vérification appliquée, je prends la voiture. Pendant le trajet je revérifie mentalement. Ma main est posée sur le sac et le quitte seulement pour passer les vitesses. Le portail du collège est ouvert, ce qui m'évite de sortir du véhicule pour sonner. Ma place porte-bonheur est prise. Alors, je me gare à côté et je n'aime pas ça. Je sors le sac de bonbons comme l'on sort l'enfant du siège auto. Je fais seulement deux pas dans la cour. Les petits U.L.I.S me guettent, me voient, se précipitent, m'encerclent. "A" me serre dans ses bras.
- Monsieur vous savez, la semaine passée j'étais renvoyé et bè j'ai pleuré parce que j'ai pas pu venir en cours avec vous.
- ...
"A2" s'empare du sac et se tourne vers ses camarades.
- Alors, je vous l'avais pas dit que Mariotti y l'allait pas oublier?!!
- Et non, je n'ai pas oublié. Je n'ai pas dormi d'une semaine mais je n'ai pas oub...
- Qu'est ce que vous avez monsieur??
- J'ai oublié mon cartable et l'ordi portable à la maison!!!

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7 commentaires:

Anonymous Frère a dit...

C'est super émouvant comme histoire.
On a même une petite larme qui arrive.
Autant la vie de professeur au collège et à la fac me passionnait moins, autant "la vraie vie d'U.L.I.S" me touche.
Vivement la suite de cette odyssée !
Et vivement le retour des dessins !

3 février 2012 à 09:37  
Anonymous Olivier a dit...

Pour les dessins, il faut que je règle mon problème de scan. Sans doute ce W.E, puisque nous nous voyons cher frérot. J'ai des merveilles de croquis en réserve et de superbes anecdotes qui vont avec. Quant à la vraie vie d'U.L.IS, c'est vrai que j'ai de très bons retours, mais j'ai toujours le problème de la représentation des protagonistes... Traiter du handicap, n'est pas chose aisée.

3 février 2012 à 18:31  
Anonymous Dr JM a dit...

Alors voici ma question : as-tu constaté suite à ta pratique que les arts plastiques avaient un effet thérapeutique, avec ce type de public? Ont-ils un sens particulier de la créativité? Sont-ils plus réceptifs que les autres élèves à la couleur, au volume, etc...?

4 février 2012 à 09:18  
Anonymous Anonyme a dit...

Bonne question ! d'autant que nombre de ces élèves d'U.L.I.S ont pour initiale A..... tous ou toutes des Aloïse ?
De belles histoires de personnes en tout cas.

4 février 2012 à 10:16  
Anonymous Olivier a dit...

Cher doc J.M.P, difficile de répondre à toutes ces questions. En effet, dans certaines classes U.L.I.S de l'Académie (et elles sont peu nombreuses) il y a un "profil" de handicap, ce qui rend les structures homogènes. Chez nous, la classe est très hétérogène donc, l'enseignement reste très difficile comme est difficile le repérage des compétences acquises ou, si tu préfères, des progrés. Ce que je peux dire, c'est que la faculté de concentration est très restreinte, entre 6 et 15 minutes sur une séance de 55. Ensuite viennent se greffer des problèmes de motricité et de compréhension des consignes, même les plus simples: Découper, mélanger, recouvrir une surface etc... Toujours est-il que certains élèves montrent une belle sensibilité qu'ils ne peuvent convenablement exprimer. Cette incapacité à traduire les choses de "l'âme", accentue pour certains le sentiment d'isolement.

4 février 2012 à 10:35  
Anonymous Olivier a dit...

Cher anonyme, en effet il y a beaucoup de "A" car dans cette classe beaucoup d'élèves ont des prénoms commençant par "A". Certes, j'aurais pu changer... Dans le projet de reportage graphique que je réalise, et pour contourner la difficulté de parler du handicap sans blesser personne, les onze petits élèves seront des divinités de la mythologie grecque ou des demi-divinités. Par exemple "méduse" sera l'élève qui a une relation difficile avec son image, "minotaure" celui qui a de gros soucis avec la motricité etc... De plus, je joue sur l'homonymie Ulysse et U.L.IS car travailler dans ces structures, est une véritable Odyssée. Mais je reviendrai sur tout cela dans une prchaine note...

4 février 2012 à 10:51  
Anonymous Chraibi Zineb a dit...

Je suis d'accord avec votre frère.
Quand j'étais petite j'ai participé à beaucoup d'activités avec les élèves de ma mère, je pense que c'est une expérience vraiment enrichissante!
Bonne continuation.

5 février 2012 à 20:11  

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