samedi 11 février 2012

Le génie des élèves: un génie pelliculaire...























Une semaine avant, j'ai donné cette incitation à une bonne classe de troisième.

"A l'aide de différents dispositifs plastiques, vous déconstruirez un objet afin de lui offrir un nouveau sens, une nouvelle réalité".

Au bas de la fiche de cours, j'ai donné cette définition.

"Objet: Tout ce qui se présente à la vue// Tout ce qui est en dehors de l'âme, par opposition à sujet// Tout ce qui est la cause, le sujet, le motif d'un sentiment, d'une passion".

La semaine suivante, au début de la séance.

- Excusez moi monsieur, je peux vous montrer mon projet?

- Trente secondes, je branche le vidéo-projecteur..... Je t'écoute.

- Voilà, par rapport au sujet que vous nous avez donné, j'ai pensé travailler sur la mémoire.

- Très bien la mémoire...

- Oui, j'ai bien aimé le travail d'Anselm Kiefer que nous avons vu la semaine passée. Alors, j'ai pris de vieilles pellicules photos. Mais des photos de moi petite, en vacances par exemple...

- Tu sais, travailler sur de la pellicule c'est déjà un véritable engagement artistique. Je suis sûr que certains de tes camarades ne savent même pas ce que c'est.

Je me tourne vers la classe.

- Qui connait la photographie argentique??

En choeur.

- La quoi??

- Tu vois!!

L'élève esquisse un petit sourire en rangeant sa frange et quelques mèches de cheveux derrière ses oreilles. Puis elle sort d'une vieille pochette "Photoservice" quelques pellicules.

- Voilà, je voudrais déconstruire l'idée que je me fais de mon enfance, en découpant des paysages directement dans la pellicule.

Je reste muet, l'élève comprend qu'elle a frappé un grand coup.

- Continue...

- Vous voyez, je découpe plein de paysages très simples qui rappellent soit des paysages enfantins, soit des paysages de contes. Mais comme chaque pellicule est découpée, il y a le négatif et le positif. Vous savez, comme ce que vous nous avez dit pour Matisse et ses contre-formes?!

- Très bien, mais comment tu vas présenter ton travail??

- J'ai pensé à les mettre sur la vitre et à les photographier. Comme ça, j'ai de nouveaux négatifs. Comme un truc qui ne s'arrête plus.

Je reste sans voix.

- Et puis ce que je peux faire aussi, c'est mélanger les découpages pour avoir plusieurs possibilités de paysages, comme un jeu d'enfant. Je peux aussi jouer sur la transparence, parce que à force de superposer les pellicules certaines parties deviendront opaques et ...

La plupart du temps le professeur professe, parfois il se sent vivre.







9 commentaires:

Anonymous JMP a dit...

De ces éclairs qui nous arrivent de temps à autre et qui nous font dire qu'on peut partir tranquille à la retraîte

12 février 2012 à 19:35  
Anonymous Olivier a dit...

La retraîte oui, mais le plus tard possible...

12 février 2012 à 19:58  
Blogger Alain a dit...

"L'Homme qui plantait des arbres"... J'imagine que tu connais le formidable film animé qu'en a tiré l'IMMENSE Frédéric Back?
Eh bien Frédéric travaille lui aussi, sur la pellicule, il ne découpe pas, il peint. Mais la démarche est la même.
Et lui aussi resterait scotché par ce que tu viens de nous raconter.
Si tu veux, si vous voulez, je peux le lui transmettre. Après on verra bien.

13 février 2012 à 11:23  
Anonymous Olivier a dit...

C'est intéressant ce que tu dis car, lorsque j'ai découvert ce dessin animé de F. Back, avec mon frère, nous avons été subjugués, au même titre que nous l'avions été avec Akira. Ce qui est le plus extraordinaire dans ce dessin animé, c'est la complexité de la technique. Nous sommes très loin des 4 images seconde souvent de rigueur. Mon frère d'ailleurs a acheté un coffret avec d'autres moyens-métrages, tous superbes. Alors, si tu peux transmettre, c'est avec un immense plaisir bercé d'admiration. Si je peux échanger avec ce monsieur, c'est encore mieux. J'en parlerai à mon élève. Je ne connaissais pas son travail sur pellicule, cela n'a pas l'air mal du tout. Il y a aussi un artiste français qui travaille sur pellicule, Eric Rondepierre, c'est un travail plein de malice teinté de nostalgie cinématographique.

13 février 2012 à 16:17  
Blogger Alain a dit...

Avec Frédéric nous avons une correspondance essentiellement épistolaire, (tu verrais la beauté de ses lettres et de ses enveloppes!?), mais je vais tâcher de voir s'il n'a pas une adresse e-mail. Et je te passerai le relai.
Nous l'avions, avec Cathy, rencontré plusieurs fois, en préparation notamment d'une grande exposition que je lui avais consacré à Quai des Bulles. C'est un homme d'une grande humilité, et d'une infinie douceur. Je connais bien le coffret dont tu parles, il est remarquable.
Affaire à suivre donc...

13 février 2012 à 17:39  
Anonymous Olivier a dit...

OK, l'ami, ça roule. Au fait, dis moi la meilleure saison pour visiter la Bretagne, nous n'avons pas oublié, le sudiste est tenace.

13 février 2012 à 17:46  
Blogger Alain a dit...

Mai et juin sont beaux en général. Et la lumière évidemment plus longue vers le couchant.
Dites-nous, vous serez les bienvenus.

13 février 2012 à 23:50  
Anonymous Frère a dit...

Je confirme que nous sommes des fans du travail de F. Back !
La première vision de "l'Homme qui plantait des arbres" fût une vraie claque...
Je pense à un truc à propos de ce superbe travail de ton élève. Est-ce que tu lui as demandé son autorisation pour publier ses images ?
On ne sait jamais...

14 février 2012 à 17:47  
Anonymous Olivier a dit...

Oui, tout est en règle de ce point de vue...

15 février 2012 à 10:52  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil