dimanche 30 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.


Note du 28/09/12.
Les coulisses d'un tournage.
Avant de regagner la cour pour continuer sa traversée en "radeau palette", je donne les derniers conseils aux petits U.L.I.S.
- Bon A, toi tu comptes les photos pour la stop motion. Tu te rappelles comme il faut faire??
- Ouais m'sieur: position, ok.... Non c'est pas ça, attendez: ok, photo... Non, non, mince... Pfffff. Position, photo, ok.
- Suuuper!!!! E et Z, vous serez sur le radeau.
- Oui "môssieur".
- J, tu prends l'appareil photo et tu le visseras sur le trépied. Fais gaffe, il coûte une jambe.
- Monsieur, on dirait que vous me connaissez pas.
- Hein?? si, justement.
- J'ai jamais rien cassé?!!
- On fait la liste??
- J'rigooole.
- Et toi W, tu prends le trépied.
- Yes!!!!!
W se saisit de l'objet et le transforme en mitraillette en passant la lanière autour du cou. Et là, c'est un show. Il se plaque contre les cloisons, les battants des portes pare-feu, surgit sur le vide intersidéral d'un couloir aux heures de cours, et nous fait signe d'approcher. Toute la petite troupe se prête au jeu. Même moi, et le pire, c'est que j'y prends énormément de plaisir. Nous mimons la guerre sans la peur de prendre une balle. Tous les objets que nous trimballons nous servent d'armes: balais, caméra, appareil photo, aileron de requin découpé dans du carton. Faire les quelques mètres qui séparent la classe de la cour, nous prend un quart d'heure. Il y a des batailles beaucoup plus tragiques.

jeudi 27 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la vraie vie d'U.L.I.S.


Note du 21/09/12.
Nous avons commencé le documentaire sur la classe des petits U.L.I.S.
Une palette de bois est posée au milieu de la cour. Quatre petits U.L.I.S sont dessus, et deux tiennent des balais de cantonnier comme  des rames. Je fais les mises au point sur l'appareil photo, et un camarade ordonne avant d'appuyer sur le déclencheur.
- Position, photo, ok.
Lorsque le "ok" est prononcé, les élèves changent de position et nous recommençons.
- Position, photo, ok.
Nous faisons une stop motion (de l'animation à partir de prises de vues réelles). Le documentaire,  comme une métaphore de l'Odyssée d'Homère, s'ouvrira sur cette séquence animée, où un petit équipage de fortune navigue sur le bitume d'une cour déserte. Autour de nous, à travers les baies vitrées des classes, nous voyons les élèves qui nous regardent avec amusement. Les petits U.L.I.S sont fiers. Ils le sont encore plus, lorsque je leur projette le "rush" à la fin de la séance. Dans la salle d'arts plastiques je fais le noir complet, et les aventuriers d'opérette se voient ramer sur un océan de solitude. La scène est courte, mais d'une rare beauté. Pendant la projection, je filme leurs visages subjugués. L'aventure commence sur une mise en abîme...

mercredi 26 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: y'a pas d'âge.

Note du 24/09/12.
- Monsieur, vous savez que vous avez été en classe avec ma mère??
- Ne me dis pas ça, j'ai toujours l'impression d'avoir votre âge.
- C'est pour ça qu'on se régale.
- T'as raison, c'est pour ça. On ne devrait jamais grandir.

mardi 25 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: oui, c'est moi...


Note d'aujourd'hui.
Ma femme qui est toujours de très bons conseils, m'avait prévenu.
- Surtout mon chéri, cette année tu ne pars pas sur cinquante projets avec tes élèves.
Je lui avais alors répondu.
- T'inquiète...
C'est le genre de réponse laconique qui l'inquiète. Et je suis parti sur cinquante projets.
C'est la raison pour laquelle mes notes sont plus espacées. Je vous tiendrai au courant de toutes ces belles choses qui se trament. Je suis déjà au bout du rouleau, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Et comme me le faisait justement remarqué un petit élève lorsqu'il me vit aller chercher une classe qui n'était pas la mienne.
- Monsieur, il faudrait peut-être un peu dormir.

mercredi 19 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: un quart d'heure de colle.

Note du 18/09/12.
Nous sommes en deuxième heure de cours de la matinée avec une classe de troisième. Les élèves s'installent tranquillement quand...
- Qu'est ce que tu as à la bouche???
- Bè un chewing-gum!!!
- Tu peux le jeter s'il te plaît???
- Mais vous avez dit que c'était autorisé.
- Tout à fait, c'est autorisé, mais ce n'est pas obligatoire.
- Hein???
- Je ne t'ai jamais eu comme élève, si je ne m'abuse?? C'est la première année????
- Oui, je vous ai jamais eu.
- Alors écoute bien. Toi, tu passes devant moi en mâchant de façon caricaturale. Tu sur-joues l'élève qui mâche. Et tout ça pour me dire: regardez monsieur, comme c'est autorisé, même si je n'en ai pas envie, je mâche un chewing-gum. Tu confonds "autorisé" et "obligatoire".
- Hein, je comprends pas!!!!
- Mais si tu comprends. Si sur l'autoroute on m'autorise à rouler jusqu'à 130, dois-je systématiquement rouler à 130???
- Oui...
- Donc, je ne peux pas rouler à 100???
- Oui...
- Je suis autorisé à rouler en dessous de la vitesse limitée, alors???
- Bé, oui.
- Donc rouler à 130 n'est pas une obligation???
- Non.
- Tu vois, tous les élèves qui sont dans cette classe je les connais, et ils me connaissent. Peux tu me dire qui, parmi eux, mâche un chewing-gum???
L'élève se tourne et scrute.
- Y z'en ont pas.
Alors je demande.
- Qui a un chewing-gum à la bouche???
Dix doigts se lèvent.
- Tu vois. Mais ils mâchent avec discrétion.Sais-tu qu'une étude allemande a montré que mâcher stimulait notre cerveau?? Nous serions une fois et demi plus efficaces en mâchant.
- Regarde sous ton bureau!!!
L'élève bascule la tête.
- Combien de gommes sont collées???
- Y'en a pas.
- Pourquoi???
- Parce que c'est autorisé.
- C'est autorisé, mais pas obligatoire ou interdit.
- Mmmm.
- Alors tu le jettes, et pendant la semaine tu apprends à mâcher avec distinction.
- Avec quoi???

lundi 17 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: un lapsus révélateur.

Note du 14/O9/12.
Je suis avec une classe de troisième, et je commence mon cours ainsi.
- Bonjour à tous, asseyez-vous. J'ai préparé une incitation de classe internationale. Ma soirée a été consacrée à sa rédaction, au grand désespoir de ma femme. Alors, il me faut une personne qui sache  très bien lire.
Je vois déjà leurs yeux pétiller.
- Toi, tu fais toujours du théâtre???
- Oui monsieur.
- Tu peux lire s'il te plaît??
- Heuuu, oui.
- Ok, c'est quand tu veux. On écoute sa camarade en silence.
L'élève racle sa gorge et commence.
-" La photo de classe c'est la classe, ou pas... Texte incitatif: Chaque année, nous avons droit à la légendaire photo de classe. Enfin, légendaire elle le deviendra dans quelques décennies, lorsque je la découvrirai au fond d'un vieux carton couvert de poussière dans le grenier. Là, je la sortirai de son étui de plastique craquelé, et mon visage ému laissera couler sur ses joues des larmes d'émotion, et très vite de stupeur. En effet, j'ai beau vivre avec moi depuis ma naissance, mais je n'arrive pas à comprendre comment j'ai pu être l'intime de cette personne qui ne ressemble à rien. Peu importe, lorsqu'on est adulte, il faut savoir assumer ses erreurs. De toutes les manières, quand je la montrerai à mes enfants, je pourrai toujours dire que nous n'étions pas responsables de nos choix vestimentaires, et que nos parents, pour des raisons financières nous habillaient sans souci d'assortiment. Bien entendu, ils se moqueront de moi comme je me suis moqué de mes parents lorsqu'ils firent de même.
 Sur une photo de classe, que nous le voulions ou pas, nous paraissons toujours étrangers à nous mêmes. Chaque jour qui passe, nous rend un peu plus ridicule. Le temps est l'ennemi juré de tout ce qui est figé, il reste un ressort comique inébranlable. D'ailleurs, qui n'a jamais songé à se "couper" la tête en voyant l'expression insignifiante de son visage photographié??? Je vous le demande. Non, la photo de classe n'est pas la meilleure publicité pour l'éducation, ni même pour l'épanouissement des élèves".
- Super!! Tu peux continuer et lire l'incitation.
- Oui... Hum, hum :" tirez le portrait de votre classe de telle sorte qu'il traverse les époques sans vous faire la honte".
Avant de continuer et de lire la thématique à aborder, comme les contraintes, la lectrice appliquée me demande.
- Monsieur, comment vous faites pour trouver des excitations pareilles???
La classe part dans un grand éclat de rire, et l'élève change de couleur pour virer au rouge. Alors, je lui demande en souriant.
- Tu voulais sans doute dire incitation???
- Ben oui!!
- Il est joli ton lapsus, et très révélateur. Tu sais, la rédaction de ces textes me procure un plaisir immense parce que j'ai hâte de voir ou entendre vos réactions. Parfois je me dis: là ils vont rire, là non. Et quand ça marche, que je vous vois travailler en vous amusant, je suis ravi. Il faut toujours mettre les élèves en appétit, exciter leur curiosité. Bon, tu peux continuer????
- Oui... Hum, hum... "Contraintes: travail sur une séance. En groupe. Photo. Vidéo bla, bla, bla....

dimanche 16 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: même en week-end..

Note d'aujourd'hui.
Une petite fille qui doit être en CE2 ou CM1, entre avec son grand-père chez le boucher. Elle tient en laisse un petit chien en peluche dont le ventre frotte le parterre. Je la regarde avec un petit sourire et interroge.
- Il ne doit pas aboyer souvent??
la petite demoiselle me  répond avec un délicieux accent du midi.
- En tous les cas, moins que mon pépé!!!!!!!

samedi 15 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: du matos de pro.

Note du 14/09/12.
Je commence ma journée avec une classe de troisième que je connais très bien. En effet, nous nous suivons depuis trois ans.
 Je suis heureux d'aller les chercher dans la cour. Il est huit heures, et la lumière est superbe. Malgré une légère brume enveloppante, le soleil  semble décidé à nous en mettre plein la vue. J'arrive devant les élèves relativement bien rangés.
- Bonjour à tous. On y va?? Qui me prend le pied de caméra??
- Moi!!
- Tiens!! Toi tu me prends les clés et tu ouvres la porte, merci.
- Ok!
Un élève sort du rang.
- Monsieur, je peux aller récupérer des affaires dans mon casier???
- Fais vite, j'ai préparé une grosse séance.
L'élève part en courant en laissant tomber son cartable. Il laisse aussi tomber cette petite phrase qui m'enchante.
- Ouais super!!!! Je fais vite.
Puis il s'adresse à une camarade.
- Je te laisse mon cartable!!
- Hééé, j'suis pas ton pigeon!!!!
Je la regarde en souriant et rétorque.
- C'est rigolo la façon dont tu lui as parlé. C'était plein d'affection.
- On est ensemble depuis le primaire.
- Haaa, c'est ça.
Nous arrivons tout juste devant la porte de la classe, et l'élève "casier" est déjà de retour. Il  saisit  son cartable que "celle qui n'est pas un pigeon" traine au sol avec nonchalance. Alors, il lance un peu agacé.
- Tu pourrais faire "entention", y'a des choses chères dedans!!!!
- Hé, attends, j'suis pas ta mère!!!
En ouvrant la porte, je me tourne vers celle "qui n'est pas un pigeon et qui n'est pas sa mère".
- Tu me rassures. Parce qu'il a le même âge que toi. Ou alors t'es une immortelle, une sorte de vampire.
La fille sourit, et ses copines autour sourient aussi.
L'élève "casier"se met à genoux pour ranger ses affaires et en sortir d'autres. Il bouche l'entrée de la salle, et la petite foule s'impatiente.
- Ho, dépêche toi!!!!
L'élève "casier-bouchon" se relève et lorsqu'il passe devant moi, il lance avec un air satisfait.
- Monsieur, j'ai apporté une Gopro. On va faire un truc de malade. J'ai un copain qui est avec vous au collège de G, et il m'a dit le sujet.
Je le regarde, il me regarde. Je cligne de l'oeil, il cligne de l'oeil en faisant un claquement de bouche qui signifie: y'a rien là???
Tous les élèves sont en classe. Je ferme la marche et la porte. L'élève "casier-bouchon-Gopro" s'approche de moi et ajoute.
- Pour Noël, j'ai commandé un AR-drone.
Je fais un claquement de bouche qui, dans ces instants là signifie: ho, putain, on va vraiment s'éclater!!!!!

vendredi 14 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: même mon fils...

Note du 14/09/12.
Baptiste à table.
- Aujourd'hui en S.V.T on a travaillé sur la saisie.
- La saisie??? Mais la saisie de quoi?? De notes, d'appréciations???
- Non, non... La saisie dans le mode de reproduction!!!
- Haaaa, tu veux dire la saillie???
- Ouais c'est ça, la saillie. Comme quand on dit qu'un château est "à saillie". C'est pareil non???


jeudi 13 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: la question qui tue.

Note du 13/09/12.
Au collège.
Aujourd'hui, ma stagiaire est venue me rendre visite. Avant de récupérer mes petits sixièmes, je la préviens.
- Tu vas voir, une élève va me demander si tu es ma femme. Je dis "une élève" parce que les garçons s'en moquent complètement de savoir qui tu es.
- Tu crois???
- J'en suis sûr.
J'ouvre la classe et me place devant la porte pour souhaiter la bienvenue à chaque enfant. C'est un principe chez moi. La petite fille qui ferme la marche en tenant son cartable comme si on allait lui voler, m'interroge.
- Monsieur, c'est votre femme???
Je me tourne vers ma stagiaire avec un air entendu.
- Tu vois!!!
- Oui, mais tu as eu chaud, c'était la dernière.
Avant de commencer mon cours, je fais une petite mise au point.
- Bon, soyons clairs. Toutes les dames qui m'accompagnent ou me parlent dans ce collège, ne sont pas mes femmes mais des collègues.
Un élève tiré à quatre épingles, marmonne à son voisin une phrase que j'arrive à décrypter. Alors, je continue.
- C'est vrai qu'une collègue peut devenir la femme d'un autre collègue et réciproquement. Je devine que tes parents sont professeurs?!
- Oui, mais ils sont divorcés.
- Sont-ils encore collègues??
- Oui, mais plus du tout copains.

mercredi 12 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: incompréhension.

Note du 11/09/12.
 Au collège avec des sixièmes.
Nous sommes en classe et il fait très chaud. Les rideaux sont tirés afin que ma vidéo projection soit du plus bel effet. Le cours a lieu de 13 à 14h. Nous ne pouvons pas ouvrir les fenêtres pour créer  un courant-d'air car dehors, les élèves attendent l'ordre de passage pour la cantine dans un brouhaha indescriptible. Soudain...
- Monsieur, monsieur, elle se sent pas bien!!
J'arrête mes explications et m'approche de l'élève.
- Tu veux un peu sortir dans le couloir prendre l'air??? Je te comprends, tu sais. La classe est un vrai four.
La petite élève a tout juste la force de me faire un oui de la tête.
- Je vais te mettre un tabouret et une camarade restera avec toi. Je laisse la porte ouverte, j'aurai un oeil sur vous.
Je m'adresse à la classe.
- Qui est le délégué??
Un élève à crête et maillot de l'OM répond.
- Délégué?? Y'en n'a pas. Y'a juste un provisoire.
- Oui, un délégué!!! Même provisoire. Y a t'il un délégué provisoire????
Un garçon qui jusqu'alors semblait dormir, demande.
- C'est quoi proviseur??
- Proviseur?? Et bien c'est... Mais qu'est ce que tu me demandes toi??? J'ai dit provisoire.
Une fille qui depuis le début du cours notait tout ce que je disais sur son joli cahier neuf, interroge.
- Et provisoire, ça veut dire quoi??
- Et bien, tu le dis d'une chose qui ne va pas durer. C'est ce qui ne dure pas longtemps.
Une petite main se lève.
- Monsieur, je crois que je suis la déléguée provisoire.
- Tu es sûre???
- Oui, parce que j'en ai déjà marre. Je vais pas le faire longtemps.
- Ok, mais c'est ton professeur principal qui t'a désignée???
- Oui.
On me tapote avec timidité sur l'épaule.
- Monsieur, elle est vraiment mal. Elle a les jambes qui "fragolent".
- Oui, quoi?? "Fragolent"??... C'est flageolent!! Elle a les jambes qui flageolent. Bon, la déléguée provisoire accompagne l'élève pour prendre l'air. Le cours se termine dans une minute, j'irai ensuite avec elle à la vie scolaire pour appeler ses parents. Bon, où en étions nous???
- A provisoire, monsieur.
- Mais non, avant ça???
- A délégué provisoire.
- Ok, vous êtes super entraînés cette année. On va se régaler.

mardi 11 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: quand on travaille sur plusieurs établissements.

Note du 05/09/12.
 Je descends d'un pas alerte le grand escalier intérieur du Lycée, en espérant croiser mon fils. En effet, depuis cette année il est élève où je suis professeur, et je ne sais pas si cette nouvelle proximité, pour ne pas dire promiscuité, l'enthousiasme plus que ça. Je ne le trouve pas malgré mes regards circulaires et attentifs. Par contre, je tombe sur un visage familier. Il me sourit, je réponds. La lycéenne accompagne ma venue d'un geste timide de la main.
- Alors ça, quelle surprise!!! Comment vas-tu???
- Très bien, merci.
- Par contre, j'ai un doute. Je ne sais plus si je t'ai eue au collège de G, ou celui de R???
- Non monsieur, vous m'avez eu il y a une heure.

NB: il y aura bientôt des croquis qui accompagnent ces notes. Pour l'heure, je n'ai pas le temps de tout faire.

lundi 10 septembre 2012

Le génie des élèves et de ceux qui le furent: ça commence fort

Introduction: inverser le processus.

Le soleil me caressa, mais étrangement, il me déshabilla de sa chaleur, de cette braise dans laquelle il m'avait roulé durant de longues semaines. Je le quittai comme une peau qui n'était plus à ma taille. Je fis ma mue en une fraction de seconde et redevins professeur. La dépouille de l'été resta sur le pas de ma porte, et bien que la saison fut encore en vigueur, je n'avais déjà plus dans mes attitudes la nonchalance des jours passés. Soudainement, tout fut méthodique. Ouvrir la voiture, devint un geste professionnel. Je posai mon sac et l'ordinateur portable sur la banquette arrière, et allumai la radio. Je tombai sur une chanson qui m'emplit de mélancolie. Il y a des sons qui correspondent aux sentiments de l'instant. Cette mélodie était de ceux là. J'entretins quelques secondes ce goût pour la tristesse, puis décidai d'en finir. Cette année scolaire serait un long congé, au sens le plus étymologique qui soit: une libération temporaire. J'ai toujours fait en sorte que mes élèves considèrent mes cours comme des lieux d'échanges et de libres circulations.
 Je le jure, ils seront servis!!!!! Les vraies vacances commencent aujourd'hui.

Note du 03/09/12.
Au collège, je retrouve mes collègues. Nous nous installons dans une partie du réfectoire. Les premières rangées restent libres alors le principal ordonne.
- Remplissez-moi les places de devant!! Cette barrière me gêne.
Puis, en guise d'introduction il lance.
- C'est ma quarante-deuxième et dernière année. Je vous quitterai à la rentrée prochaine.
Un professeur qui tient rancoeur historique au maître de cérémonie, interrompt.
- Des promesses, toujours des promesses.
Sur mon Zap Book je note: " Le génie des élèves commence très fort".

dimanche 9 septembre 2012

Corsica Epistolarium: voilà c'est fini...


Note du 28/07/07.

C'est le dernier jour de vacances. Chacun participe aux tâches ménagères.  Je dis chacun, mais Louis et Baptiste sont à plage. Ils goûtent jusqu'à plus soif le sel d'une mer qu'ils n'auront jamais quittée. Ils l'embrasse comme l'on embrasse ses amis de l'été, en espérant les revoir l'année suivante. Donc, ma mère et moi, participons. Ce que j'aime avec elle, c'est sa faculté à dire des choses que notre cerveau en général censure, avant qu'elles ne sortent de notre bouche: par exemple.
- J'adore faire les vitres!!!!!
Mais qui adore faire les vitres sur cette planète??? Ou alors.
- Est-ce que l'on bronze des jambes???
J'ai souvent eu envie de lui répondre.
- Non!!!!
Ou encore.
- J'ai toujours eu un petit poil au milieu du ventre.
En général on ne dit pas ces choses là.
Elle est toujours surprise par des phénomènes qui ne sont pas surprenants. Nous roulons depuis des heures sur les routes vertigineuses des montagnes corses, quand...
- Alors ça, j'en reviens pas!! Nous sommes perdus au milieu de nulle part, et on capte super bien la radio!!!
- Mais maman, c'est un CD!! Nous l'avons juste écouté vingt fois pendant les vacances.
Voilà, c'est le dernier jour de Corsica Epistolarium. J'ai pris beaucoup de plaisir à vous faire partager ce voyage postal, surréaliste et dérisoire.
 Demain, à raison de trois messages hebdomadaires (minimum), je reprendrai Le génie des élèves et de ceux qui le furent. Il y a déjà de jolies choses...
Et si les vraies vacances commençaient demain???

samedi 8 septembre 2012

Corsica Epistolarium: plan séquence ou vérité???


Note du 27/07/07.
Plan séquence.


1- Derrière cette femme qui un ressemble à un membre d'une étrange secte, un enfant hurle.
  - Arrête maman, arrête!!!!

2- C'est avec tendresse que son sac de compagnie la regardait dormir.




1- Le petit bateau jaune soupira.
  - Dire qu'il faut que je les ramène sur la plage.

2- Le petit radeau, ami du petit bateau jaune, commençait à avoir mal au coeur. Mais il n'osa dire aux enfants joyeux d'arrêter de bouger.

3- Archimède observait le petit radeau depuis quelques heures. Puis, son esprit bercé de musique lui souffla.
  - Eurêka!!! Tout corps plongé dans un fluide au repos.....

vendredi 7 septembre 2012

Corsica Epistolarium: tourner en rond.




Note du 26/07/07.
Je repère un jeune homme qui passe sans doute les dernières vacances avec ses parents, il s'ennuie.

jeudi 6 septembre 2012

Corsica Epistolarium: bronzage attitudes...



Note du 26/07/07.
1- Le contorsionniste.
2- La victime.
3- Le cool.
4- L'abandonné.
5- La délicate.
6- La carpe.
7- L'inconscient.
8- Le professionnel qui roule son maillot sur les côtés.

Alors l'épingle se tourna vers sa collègue et lança.
- Encore trois jours de boulot, et nous sommes en vacances Monique.
- Tu exagères Lucette, on travaille deux mois par an.
- C'est deux mois de trop!!!
- On pourrait en parler au syndicat??
- Mouais, mais ça servira à rien. Déjà que les autres pensent que nous sommes privilégiées.

mercredi 5 septembre 2012

Corsica Epistolarium: le goût des autres.


Note du 25/07/07.
Nous avons tous goûté...
1- Le sucre de nos peaux.
2- Le sel de la mer douce.
3- Le vent tiède sur nos visages lumineux.



1) Sur la plage d'Ostriconi.
- Attends deux minutes Baptiste, j'ai pas fini de dessiner ton frère!!!
- Oui, mais il a mis ses pieds sur ma serviette.
- Trois secondes, je termine.
- Un, deux, trois, ça y est.

2) Ma mère au téléphone, ou l'art de placer le "voilà".
- Allo, Augusta? Oui, il fait beau, voilà. Ha oui, un temps de rêve, voilà. Louis et Baptiste jouent au foot sur la pelouse, voilà. Olivier dessine, voilà. Il fait beau en Bretagne?? Non?? ha voilà.
Quelques minutes plus tard, elle appelle sa filleule et tombe sur la messagerie.
- Allo Christine?? Bon, bin, c'était pour te dire qu'on se régalait, voilà.
Quelques minutes plus tard, elle appelle ma soeur et tombe sur la messagerie.
- Allo Faby?? Bon, c'est pour te dire qu'il fait super beau, voilà.
Et voilà...

mardi 4 septembre 2012

Dessin au noir.




Je vous offre aujourd'hui un dessin pour Cristal noir, l'aventure automatique. Le projet avance tranquillement.
Ensuite, jusqu'à la fin de la semaine, vous aurez droit aux derniers épisodes de Corsica Epistolarium.
Le génie des élèves et de ceux qui le furent (deuxième année) commencera lundi prochain.

lundi 3 septembre 2012

Corsica Epistolarium: la grande évasion.


Note du 24/07/07.
La plus grande bibliothèque du monde est sur la plage.



Nous avons tous des rêves ...
1- D'ailleurs.
2- De nouvelles vies.
3- D'oisiveté.
4- D'amour.
5- D'évasion.
6- De jeunesse.
7- De fraîcheur.

dimanche 2 septembre 2012

Corsica Epistolarium: quand vient la fin de l'été...



Note du 23/07/07.

J'entendais seulement les voix de Louis et Baptiste. Il pêchaient sur la jetée avec une petite canne, et sortaient de petits poissons. En les jetant dans un seau d'eau afin de ne pas les tuer, ils les baptisaient d'un même prénom, suivi d'un chiffre.
 - Charles 1, Charles 2, Charles 3....
Je fus tiré de mon écoute exclusive par le rire d'un homme placé un peu plus loin dans le paysage portuaire. Je me tournai. Il riait comme un enfant devant le spectacle que lui offraient les miens. Il ressemblait à un cormoran. Puis il se leva pour sécher ses ailes, laissa tomber la serviette et prit son envol au coeur d'un soleil noir qui le fit disparaître.
 - Charles 6, Charles 7, Charles 8....



 1- Ils s'étaient connus au début des vacances. Puis ils s'étaient aimés un peu plus chaque jour. Sans jamais se toucher, juste en s'effleurant parfois, ils avaient tissé un lien d'une immense tendresse qu'ils ne voulaient pas briser quand sonna l'heure des adieux.
- Tu reviens l'année prochaine???
- Ch'ais pas, ça dépend de mes résultats scolaires.
Ils en avaient gros sur le caoutchouc et échangèrent leurs numéros de "télé-tong".

2- Moteur hors-corps.

samedi 1 septembre 2012

Corsica Epistolarium: c'est celui qui dit, qui est...


Note du 23/07/07.

1- Je ne l'avais pas remarquée jusqu'à ce qu'elle fasse claquer l'élastique de son maillot. Après, je n'ai vu qu'elle, avec son allure de princesse déchue et sa peau d'orange sur les fesses.

2- Il cria "papa" une bonne dizaine de fois. Son père sur la plage, se tourna vers sa femme pour lui dire.
  - Il est con ton fils, y voit bien que je ne l'entends pas.